La Transition Energétique dans le Contexte de L’éducation Privée au Liban



Depuis la fin de l’année 2019, le Liban traverse une grave crise économique, classée par la Banque Mondiale comme l'une des trois plus graves crises depuis le milieu du XIXe siècle. La crise aux multiples facettes comprend des dimensions économiques, financières, sanitaires et sociales, aggravées par l'explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Cela a entraîné la détérioration des différents indicateurs macroéconomiques qui reflètent fortement la réalité du quotidien des Libanais. En effet, d’après les données de la Banque Mondiale, le PIB a connu une diminution de 62% entre 2018 et 2021 causée par la dévaluation de la livre libanaise de 95%. D’après les données des Nations Unies, cela a été accompagné par une inflation d’une valeur de ~280% (entre 2019 et 2022), aggravée par la guerre déclenchée en Ukraine, qui, elle, combinée à la levée des subventions, a poussé l’augmentation des prix du fuel de 1,500% ainsi que des pénuries de blé et autres denrées de base. Ainsi les 20 litres d’essence sont passés de moins de 44,000 LL début 2021 à plus de 680,000 LL en juin 2022.


Compte tenu des conséquences violentes de la crise, la jeunesse libanaise a été fortement affectée avec presque la moitié des jeunes qui se retrouve au chômage. L’ESCWA relate un appauvrissement remarquable de la population avec près de 82% du peuple libanais vivant dans un contexte de pauvreté multidimensionnel. Le déclassement est violent et rapide. Les autorités n’ont, à ce jour, pas élaboré un plan sérieux de redressement économique, ce qui laisse présager une dégradation supplémentaire de la situation dans la période à venir.


Dans ce contexte difficile, le secteur de l’éducation a été vivement touché. Ce secteur, qui a auparavant été leader dans la région, s’est vu très rapidement subir un stress-test significatif. Effectivement, à la rentrée scolaire 2022-2023, 55 000 élèves ont migré des écoles privées vers les écoles publiques.. De surcroit, 40% des jeunes ont réduit leurs dépenses sur les études, et même un mouvement de déscolarisation est en marche. Cela est également conséquent au niveau social avec l’augmentation de la criminalité incluant vols, délinquance, et autres.


Historiquement, la quote-part des dépenses des écoles en salaires a toujours été supérieure à celle des dépenses de fonctionnement (répartition 65%/35%). Mais avec la dévaluation sans précédent de la livre libanaise, cette répartition est aujourd’hui inversée. Ceci est dû au fait que les coûts de fonctionnement sont majoritairement indexés au dollar ce qui augmente considérablement leur quote-part du total des coûts.


Cela dit, du fait la dollarisation de l’économie, l’élément le plus important des coûts de fonctionnement est l’énergie représentant 10% à 15% du budget des écoles en moyenne (contre moins de 2% avant la crise). Comme mentionné plus haut, l’hyperinflation, accompagnée par l’éruption du conflit russo-ukrainien ont engendré une montée en flèche des prix de fuel, historiquement subventionnés par la Banque du Liban. 


Face à cette situation, les établissements éducatifs sont poussés à trouver des solutions durables pour assurer la pérennité de leurs institutions. L’une des solutions les plus prometteuse est la réduction des coûts énergétiques grâce à l’utilisation d’énergies renouvelables dans le cadre d’un plan de transition énergétique.


D’après la définition offerte par le gouvernement français, la transition énergétique est un plan de modification de production et d’utilisation énergétique et consiste en une série d’actions à entreprendre pour atteindre des objectifs de durabilité. Ces dernières incluent une réduction de la consommation de l’énergie à travers la réduction de l’utilisation de combustibles fossiles (transports, confort thermique, activité industrielle etc.) et la mise en place d’un mode de production se basant sur les ressources locales et énergies renouvelables et une réduction de la production de déchets. 


Dans le contexte des écoles, une installation de panneaux photovoltaïques, dépendamment de leur nombre et efficacité, pourrait réduire de 80% la consommation annuelle de mazout des établissements Ceci diminuera considérablement le déficit des écoles, et renforcer leurs modèles économiques, protégeant l'éducation de milliers d’étudiants. 


Ainsi, si des mesures efficaces de transition énergétique sont misent en place, les écoles pourront réallouer leurs dépenses de manière plus efficace et ce de diverses façons, comme par exemple : une augmentation des salaires du corps professoral sachant que ces derniers touchent aujourd’hui, en moyenne, l’équivalent de ~350$ /professeur /mois, soit plus de dix fois moins que la moyenne des professeurs des pays de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), l’amélioration de l’infrastructure technologique (laptop, logiciel éducatif, réseau physiques etc.) de l’école qui est en grand besoin de mise à jour, et l’amélioration de l’offre pédagogique qui a longtemps été reconnue comme étant l’une des meilleures dans la région.


La transition énergétique des établissements scolaires commencerait ainsi par des plans de sobriété énergétique et se poursuivrait par la mise en place d’une source d’énergie renouvelable, le solaire étant la source la plus optimale dans le contexte libanais. Au-delà de la bonne conscience écologique que cette transition induirait, elle devient une nécessité pour la pérennité du modèle économique des établissements. 


Rédigé par le département Education d’Euromena Consulting

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